MYTHE : UN JOUR JE LE FERAIS...
--> Mythes, rêves et mystères, Mircéa Eliade : "Il faut prendre conscience de ce qui reste encore de "mythique" dans une existence moderne, et qui reste tel, justement parce que ce comportement est, lui aussi, consubstantiel à la condition humaine, en tant qu'il exprime l'angoisse devant le temps." 1953
Photographed by Steven Klein
Styled by Arianne Phillips March 2009
Hair by Andy Lecompte/ Solo Artists; makeup by Gina Brooke/ J. Artist
Management using Shu Uemura; manicure by Elza and Wanda/Copacabana
Palace. Set design by Arabella Serrell. Male Casting by Luis Viner. Male
Models: Jesus Luz/Ford Models Inc., Romulo Pires da Silva/Bananas
Models, Julien Quevenne/Ford Men NYC. Production by Betty Prado, Paolo
Felisbino and Piera Paula; Lighting by David Devlin. Photography
Assistants: Sharif Hamza, Sebastian Mader, Daniel King, Matthew Thompson
and Fernando Young. Fashion Assistants: Laura Morgan, Lori
Messerschmidt, Kathy Lee, Rebecca Ramsey, Garrett Munce, Marina Franco
and Jose Camarano.
Photographed on location at the Hotel Gloria, Rio de Janeiro, Brazil.
Photographed on location at the Hotel Gloria, Rio de Janeiro, Brazil.
Tout le monde connait ma passion pour Madonna, que je connais depuis 1987, lors d'un jumelage d'école avec les élèves de Erkrath, dans l'Allemagne de la Ruhr, où des élèves avaient mis True Blue en boucle dans le car. Avant je n'avais aucune culture musicale, je suis fils d'ouvrier lequel est immigré refugié politique, provenant d'une zone civilisationnelle où sur les cartes françaises on voit des dragons, l'inconnu. Bref, je voulais juste dire que j'avais une théorie sur les shows grand spectacle de Madonna : elle est une formidable lectrice de l'histoire de la religion je pense, ou alors une théologienne hors pair, et ses shows reflètent puissamment sa réflexion sur le sujet, et dans chacun de ses shows depuis la Blond Ambition 1990 et de plus en plus jusqu'au dernier en date le Sticky and Sweet Tour 2008, elle applique systématiquement un cycle cosmologique, tel que le décrit Mircée Eliade dans ses livres. Et dans le dernier show, ce cycle cosmologique est répété plusieurs fois, soit dans les 4 tableaux de genre qu'elle mettait en scène.
Le cycle cosmologique est composé de chaos-création, vie-chute, mort -renaissance-retour à la création, et Madonna sur scène incarne la créature qui vit tout cela à la fois. Dans le show le plus cosmologique de ses tournées qui est le Drowned World Tour 2001, littéralement le monde englouti, qui laisse sous-entendre qu'un monde disparait pour renaître, la deuxième partie qui présente un univers manga japonais démontre de manière frappante cette notion cosmologique : cette partie débute par une chanson intitulée "Paradise (Not for Me)" où Madonna n'est pas encore sur scène, mais sur l'écran est projeté un très grand arbre au milieu du désert, qui est l'Arbre de Vie, le premier élément qui relie le ciel à la terre, soit la création du monde, c'est aussi le symbole du centre du monde, la liaison avec le ciel avant la chute de l'homme. Et là, justement, 4 de ses danseurs, dans une nudité édenienne, tombent du ciel lentement, pendant que le paysage autour l'arbre vire au ciel rouge, le ciel de la colère. C'est donc la création du monde et la chute de l'homme. Apparait Madonna depuis le dessous de la scène (sous la terre) dans une tenue geishaïsante chamanique, qui va chanter "Frozen" dans une version proche d' une imploration incantatoire, avec tambours et esprit de transe. Or le tambour est un instrument qui permet à un chamane de le mener vers un état de transe, un état extatique, l'instant où l'homme se retrouve à nouveau à l'Origine, avant sa chute. L'aspect chamanique du costume de Madonna va se diviser, et elle redevient pleinement humaine sous la figure d'une geisha (geisha veut dire artiste en japonais, et l'artiste est celui qui crée). Le décor à l'arrière montre une espèce de tribune, une sculpture organique qui va très vite être perçue comme l'anatomie des veines et des vaisseaux de l'utérus, le lieu des naissances humaines. Elle entonne "Nobody's Perfect", c'est la demande de rédemption auprès de Dieu, qui a précipité l'homme, sur scène elle est la geisha déchue, la femme infidèle qui déshonore son mari guerrier, lequel va lui arracher un bout de cheveux, symbole de son exclusion. Madonna réagit en vengeresse face à l'autorité de l'homme sur la femme : elle se transforme en personnage de manga qui vole, qui combat, qui se défend, le tout sur "Sky fits Heaven" (qui signifie à peu près "le paradis est au ciel"). Elle triomphe de son tyran en lui tordant le cou. Mais sur le fond d'écran, on voit Madonna, maquillée comme une geisha, chutée d'un côté et de l'autre, comme frappée par une main invisible, le visage en sang : elle chante d'une voix ténébreuse "And the ground gave away beneath my feet | And the earth took me in her arms | Leaves covered my face | Ants marched across my back | Black sky opened up, blinding me | I ran to the forest, I ran to the trees | I ran and I ran, I was looking for me | And I smelled her burning flesh | Her rotting bones | Her decay | I ran and I ran | I'm still running away", c'est elle morte, elle la chaire décomposée sur laquelle passent les fourmis. Elle a triomphé de l'homme, mais pas du temps, pas de la Mort. La chanteuse va disparaitre de la scène en se faisant happer par le bas, tandis que sur l'écran, pour clore le chapitre, on voit un manga d'une extrême violence, un monde en chaos, des soldats qui violent des femmes, sur "What it Feels Like For a Girl". Après la mort, c'est le retour vers la Chaos, avant que le monde se recrée à nouveau sur un autre cycle.
Voilà, les gens vont penser que j'ai fumé de la Marie-Jeanne, mais je crois que cette lecture n'est pas inintéressante de l'approche symbolique des jeux de scène de Madonna, et les exemples sont nombreux encore pour prouver l'usage du cycle cosmologique que Madonna interprète dans ses spectacles.
Le cycle cosmologique est composé de chaos-création, vie-chute, mort -renaissance-retour à la création, et Madonna sur scène incarne la créature qui vit tout cela à la fois. Dans le show le plus cosmologique de ses tournées qui est le Drowned World Tour 2001, littéralement le monde englouti, qui laisse sous-entendre qu'un monde disparait pour renaître, la deuxième partie qui présente un univers manga japonais démontre de manière frappante cette notion cosmologique : cette partie débute par une chanson intitulée "Paradise (Not for Me)" où Madonna n'est pas encore sur scène, mais sur l'écran est projeté un très grand arbre au milieu du désert, qui est l'Arbre de Vie, le premier élément qui relie le ciel à la terre, soit la création du monde, c'est aussi le symbole du centre du monde, la liaison avec le ciel avant la chute de l'homme. Et là, justement, 4 de ses danseurs, dans une nudité édenienne, tombent du ciel lentement, pendant que le paysage autour l'arbre vire au ciel rouge, le ciel de la colère. C'est donc la création du monde et la chute de l'homme. Apparait Madonna depuis le dessous de la scène (sous la terre) dans une tenue geishaïsante chamanique, qui va chanter "Frozen" dans une version proche d' une imploration incantatoire, avec tambours et esprit de transe. Or le tambour est un instrument qui permet à un chamane de le mener vers un état de transe, un état extatique, l'instant où l'homme se retrouve à nouveau à l'Origine, avant sa chute. L'aspect chamanique du costume de Madonna va se diviser, et elle redevient pleinement humaine sous la figure d'une geisha (geisha veut dire artiste en japonais, et l'artiste est celui qui crée). Le décor à l'arrière montre une espèce de tribune, une sculpture organique qui va très vite être perçue comme l'anatomie des veines et des vaisseaux de l'utérus, le lieu des naissances humaines. Elle entonne "Nobody's Perfect", c'est la demande de rédemption auprès de Dieu, qui a précipité l'homme, sur scène elle est la geisha déchue, la femme infidèle qui déshonore son mari guerrier, lequel va lui arracher un bout de cheveux, symbole de son exclusion. Madonna réagit en vengeresse face à l'autorité de l'homme sur la femme : elle se transforme en personnage de manga qui vole, qui combat, qui se défend, le tout sur "Sky fits Heaven" (qui signifie à peu près "le paradis est au ciel"). Elle triomphe de son tyran en lui tordant le cou. Mais sur le fond d'écran, on voit Madonna, maquillée comme une geisha, chutée d'un côté et de l'autre, comme frappée par une main invisible, le visage en sang : elle chante d'une voix ténébreuse "And the ground gave away beneath my feet | And the earth took me in her arms | Leaves covered my face | Ants marched across my back | Black sky opened up, blinding me | I ran to the forest, I ran to the trees | I ran and I ran, I was looking for me | And I smelled her burning flesh | Her rotting bones | Her decay | I ran and I ran | I'm still running away", c'est elle morte, elle la chaire décomposée sur laquelle passent les fourmis. Elle a triomphé de l'homme, mais pas du temps, pas de la Mort. La chanteuse va disparaitre de la scène en se faisant happer par le bas, tandis que sur l'écran, pour clore le chapitre, on voit un manga d'une extrême violence, un monde en chaos, des soldats qui violent des femmes, sur "What it Feels Like For a Girl". Après la mort, c'est le retour vers la Chaos, avant que le monde se recrée à nouveau sur un autre cycle.
Voilà, les gens vont penser que j'ai fumé de la Marie-Jeanne, mais je crois que cette lecture n'est pas inintéressante de l'approche symbolique des jeux de scène de Madonna, et les exemples sont nombreux encore pour prouver l'usage du cycle cosmologique que Madonna interprète dans ses spectacles.
Ecrit par albertdang, le Dimanche 8 Février 2009, 21:27 dans la rubrique In and Out CLUB.