Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

SIDA RELOADED
--> La paix nourrit, le trouble consume. Proverbe islandais, et l'argent?


Le rêve du village des Ding de Yan Lianke ed. Philippe Picquier, 2007. 330 p., 20€

         La lecture du roman de Yan Lianke a eu pour moi un effet magique. C’est comme si cet auteur chinois avait pris ma propre enquête journalistique, Le sang de la Chine, et l’avait poursuivie là où je l’avais arrêtée.
Comme si le romancier avait fait ce que le journaliste s’interdit de faire, c’est-à-dire mettre de la chair et de l’âme sur des faits bruts, ou plutôt brutaux, créer des personnages dans la vie et dans la mort. Ce faisant, il a paradoxalement rendu un service immense à la vérité en lui donnant une force accrue, un supplément d’âme stupéfiant.
Avis au lecteur : tout ce que raconte Yan Lianke dans Le rêve du village des Ding est rigoureusement exact. Peut-être pas les dialogues au sein de la famille Ding, sans doute pas l’histoire d’amour entre Ding Yuejin et Lingling à l’approche de la mort. Mais tout ce qui peut sembler de plus invraisemblable dans ce roman, tout ce qui est trop monstrueux pour ne pas être sorti de l’imagination perverse d’un romancier, s’est, hélas, bel et bien produit. Et se déroule encore aujourd’hui, dans l’indifférence générale.
Correspondant de Libération à Pékin, j’ai enquêté début 2001 sur des rumeurs faisant état d’une épidémie de VIH/sida dans les campagnes du Henan, province rurale très peuplée au centre de la Chine. En mai 2001, je m’y rends sans autorisation, et découvre les “villages du sida”, une région entière où, dans les années 1990, sous l’incitation du gouvernement provincial et des autorités locales, les paysans ont été incités à vendre leur sang avant de découvrir qu’ils avaient contracté au passage une maladie mortelle.
La première femme à qui je m’adresse est assise en bordure d’un champs avec son enfant, non loin de son mari qui travaille. Elle reconnait avoir vendu son sang à l’époque, et lorsque je lui demande si elle connait des personnes qui auraient été rendues malades par cela, elle répond naturellement : “Moi”. “L’hôpital m’a dit que j’avais la fièvre”, ajoute-t-elle. Son mari arrive et interroge à son tour : “Vous pensez que c’est contagieux ? ”… La maladie n’avait même pas de nom. Ce que l’on savait, c’est qu’il y avait les premiers décès, les premières agonies, sans médicaments, les premiers orphelins…
Dans le village des Ding de Yan Lianke, situé précisément dans ces plaines surpeuplées et pauvres de l’est du Henan, les paysans l’appellent aussi “la fièvre”, avant de découvrir qu’ils souffrent du sida, maladie qu’ils pensaient réservée aux gens de la ville à la vie pas très recommandable. Et eux, modestes paysans à qui on avait fait miroiter un revenu facile –il suffisait de tendre son bras-, s’en croyaient protégés.
La famille Ding, au coeur de ce roman, vit intensément ce drame et nous fait vivre les moeurs et les traditions d’un village chinois, mais aussi la corruption, le népotisme, les jalousies et les vengeances qui sont le lot quotidien des paysans.
La révolution maoiste s’était faite en leur nom ; la restauration capitaliste rempante s’est accomplie sur leur dos… Et lorsque la tragédie du sida frappe, c’est tout le tissus social villageois qui s’écroule, dans l’indifférence des autorités qui cherchent le moyen d’en profiter. C’est la face cachée du miracle chinois, à laquelle Yan Lianke, avec des mots justes, a donné vie. Un bel hommage à ces victimes que la Chine post-maoiste souhaitait cacher. Pour cette raison, mon livre n’a pas pu être publié en Chine, et celui de Yan Lianke a été interdit.
Par Pierre Haski.


Ecrit par albertdang, le Samedi 29 Novembre 2008, 18:00 dans la rubrique Le Tropique du Quotidien.

Commentaires :

Anonyme
02-12-08 à 18:23

il y a un article sur la propagation du virus dans le monde d'aujourd'hui.

 
Anonyme
02-12-08 à 18:24

jaime

il y a un article sur la propagation du virus dans le monde d'aujourd'hui.

 
Anonyme
02-12-08 à 18:24

jaime

il y a un article sur la propagation du virus dans le monde d'aujourd'hui.

 
loanly@hotmail.fr
18-12-08 à 16:43

Mon chéri,


Couscous.......

Je visite régulièrement ton blog...j'aimerais bien devenir ta lectrice invertébrée....mais je me crève les yeux sur ton fond coloré....qui doit certainement refléter ta bonne humeur...ou à moins que tu ne mettes en place un truc pour tester le daltonisme????

C'est un moyen sélectif naturel pour connaître le pourcentage de ton fan-club après tout..j'aime te lire mais je préfère mieux conserver mes yeux...du du peu de dioptrie qui m'en reste...
Bisou...