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Cet Amour-là
     Dans le rayon biographie, de la médiathèque IDECAF de Saigon, il y a une dizaine d'exemplaires de Cet Amour-là de Yann Andréa, on ne sait pas si c'est le fait d'un succès littéraire, le fait d'un roman-biographie de Duras (laquelle a vécu au Vietnam), le fait d'une passion de bibliothécaire, le fait d'un don généreux de l'éditeur Pauvert, etc. Mais le fait est là, et tout à coup, alors qu'un seul exemplaire de n'importe quel livre aurait une existence désinvolte aux yeux des lecteurs, un certain grand nombre d'exemplaires interpelle, ça m'interpelle. Et  la lecture de Cet Amour-là de Yann Andréa commence dès l'instant de cette remarque là dans les rayons de la médiathèque, dès l'instant du nombre et du choix, métaphore du sujet même du livre. Dans ce livre, il se passe une rencontre, entre un jeune homme et son idole-écrivaine, une rencontre hasardeuse, simple, littéraire. Pourquoi Marguerite Duras a flashé sur Yann Andréa ?

J'ai lu ce livre pendant les entrainements dans les salles de gym, sur mon vélo, tous les jours, 30 minutes. Je l'ai même oublié un jour, et le lendemain entendre l'entraineur me le rendre en disant : "Il n'y a que toi pour lire ça", "ça" dans le sens où c'est en français, où c'est un roman, où le livre est un ennemi sur le territoire du physique, du corps obssessionnel. Et j'ai trouvé la raison aussi que "ça" est tout spécial dans les lectures de bibliothèque ici, que "ça" ne devait pas être beaucoup lu, plu, quand il y a encore une dizaine d'exemplaires dans le rayon, "ça" ne doit intéresser personne, et moi ça m'intéresse. Donc pendant que le corps souffre physiquement, que le vélo fait suer deux litres d'eau,  je lisais la souffrance métaphysique de celui qui a été le témoin des dernières heures de la vie de Duras, celui qui était à son chevet de mort, celui qui était avec Elle. Et la douleur change de corps, elle dépasse ses limites, elle trépasse, et elle repasse. Et alors, c'est inoui de rapprocher ainsi deux univers parallèles, mais distincts : l'envie du corps beau et vivant, et le deuil du corps mort et intellectuel, et c'est tout le surréalisme dans nos vies, sur lequel on ne s'attarde pas, mais qui existe et qui se vit, et qui jamais ne sera inscrit.

"Ce n'est pas la peine de se tuer, c'est une naïveté, puisque de toute façon la mort existe, autant ne pas la provoquer, ça n'a pas de sens." p.111

"Non. Je ne peux pas oublier ce visage. Ce regard qui regarde quelque chose qu'on ne voit pas. Qui ne se voit pas. Qui parfois peut être écrit. Des mots écrits et on voit quelque chose comme la vérité. Et alors oui, on peut lire encore et encore tous ces titres et tous les mots contenus dans ces titres, dans ce nom de Duras, ce nom qui ne disparait pas." p.190


Ecrit par albertdang, le Mercredi 5 Novembre 2008, 06:32 dans la rubrique In and Out CLUB.