Le livre s'ouvre sur l'incipit suivant :
" Les fleuves s'enfoncent perpétuellement dans la mer. Ma vie dans le silence. Tout âge est aspiré dans son passé comme la fumée dans le ciel".
On ne sait jamais combien de lune un livre peut attendre son lecteur, ou son contraire. Je ne sais jamais combien de temps un livre m'a manqué, c'est en le finissant que je me rend compte. Ce Quignard était là, au Vietnam, depuis 3 ans, 3 ans de chaleur, 3 ans de moiteur, 3 ans de poussière accumulée, cela a modifié son apparence, tout livre a une odeur, neuf il sent les cahiers d'écolier de la rentrée, vieux il sent le moisi ou la sueur d'une lecture acharnée...Celui-ci est passé du neuf au vieux tout en gardant intact ces pages vierges de tout regard posé. Voilà sa vie secrète à lui.