Je le dis sans honte : j'adore les nouvelles! Peu de pages à lire, une seule idée exprimée, une seule teneur bien définie et une petite chute qui flirte bon comme les moralités bien pensantes de Jean de La Fontaine. Sauf qu'ici, la moralité n'est pas toujours bien pensante, mais elle est bien pensée quand même. Ce livre est l'occasion de lire une auteure contemporaine de la littérature vietnamienne, laquelle est si injustement mé-ou-in-connue en France...bon j'exagère... jusqu'au moins l'arrivée de Nguyen Huy Thiep, mais celui là il n'a plus rien écrit d'intéressant depuis 10 ans.
Voilà 14 petites nouvelles écrites sur un ton désinvolte de révolte et d'amour. Le personnage qui narre est toujours une jeune fille à chaque fois, parce que c'est l'âge où l'on est le plus apte à percevoir les changements. Changement de soi, changement de l'autre, de l'amoureux, puis des autres, et enfin changement de la société. Parfois c'est le chamboulement même, toujours contradictoire, quand l'amour effleure, pique et détruit. Seule une jeune fille peut changer une certaine vision figée de la société vietnamienne, semble nous dire l'auteure, née en 1968, trop jeune à la fin de la guerre du Vietnam pour parler de la misère matérielle et des tourments politiques qui s'en suivirent. C'est l'individu uniquement qui est au centre de l'oeuvre. Les 2 nouvelles "Quand on est jeune" et "Mimodrame" qui encadrent ce recueil sont mes préférées, mais c'est la fin de la nouvelle "Après le rendez-vous..." qui résume bien le tout : "Arrête de fuir, me dis-je, arrête de fuir! Car c'est là qu'est ton univers. Et s'il est pour toi source de souffrance, n'est-il pas aussi source de joie? D'ailleurs, qui ne te dit pas que ta souffrance ne vient pas du fait que tu lui sois beaucoup trop attachée?"
"Quand on est jeune" de PHAN THI VANG ANH, traduit du vietnamien par Kim LEFEVRE (si si si l'auteure de "Métisse blanche"..), édition Picquier Poche, 174 pages, 7 euros.