KING OF THE ROAD
--> Ce matin la campagne a eu un accès de mélancolie. Claude ROY
C'est un enchantement la route, l'itinéraire droit, l'ennui du goudron. Et puis il y a les paysages qui défilent, qui n'ont pas la parole, qui témoignent en silence les mille vies abritées, les
résolutions
secrètes, l'impermanence des choses, un spectacle chaque fois
recommencé qui part dans l'oubli. Ici être sur la route principale,
c'est signe de prospérité, de l'énergie qui circule, de
l'argent qui
rentre, la possibilité du commerce qui nourrit. Le bruit, le
dérangement, le traffic sont des notions comme abstraites, sur
lesquelles on ne s'attarde pas. J'avais envie de montrer le
spectacle
de la route, de Mui Ne à Sài Gon, le chemin du retour, en direction du
coeur du Vietnam, qui palpite, qui vit. Que fait-on de la vie dans
l'insouciance quotidienne la plus totale ?
Est-ce que les gens se sont
aussi attardés à m'observer ? Que me diraient ces gens de l'instantané
que j'ai pris de leur vie?
Banalités Il y a toujours quelque part une étendue de jour le travail du soleil ne s'arrête jamais Il y a toujours quelque part un oiseau qui chante et son chant fait chanter un autre oiseau plus loin Il y a toujours quelque part un enfant qui naît La vie invente la vie sans se laisser décourager Il y a toujours quelque part un vivant qui meurt Etcaetera etcaetera Ainsi de suite Etcaetera C'est comme ça depuis l'origine Et ce sera pareil jusqu'à la fin La plus grande banalité Si pourtant je n'arrive pas tout à fait à m'y faire si je m'étonne encore eh bien c'est que c'est mon affaire ce manège incessant qui me verra cesser le Haut Bout août 1980 A la lisière du temps, Claude ROY (pardon pour la ponctuation)
Mui Ne - Sài Gon fait moins de 400 km, 5 heures de bus, pays des hévéas et des fruits du dragon.
Ecrit par albertdang, le Lundi 24 Novembre 2008, 17:48 dans la rubrique Mettre l'éternité à la mode.